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La cohabitation intergénérationnelle : une alternative au logement étudiant pour se loger mieux et moins cher

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Se loger lorsqu’on est jeune ou moins jeune

C’est l’histoire de Mathilde, toulousaine, elle a fait des études de biologie à Toulouse, en habitant chez ses parents. Mais cette année, elle doit suivre un cours de spécialisation d’un an, à Paris. 

C’est l’histoire de Roger, 75 ans. Après le décès de sa femme, il ne supporte plus son appartement parisien. Trop grand, trop vide, trop triste. Il aimerait aller s’installer en Bretagne. Il adore la mer, la plage, les promenades au grand air et le kouign amann.

C’est l’histoire de Fernand, 17 ans. CAP cuisine en poche, il a décroché un stage dans un restaurant étoilé parisien. Lui, il habite Le Havre et il ne connaît personne à Paris.

C’est l’histoire de Lucie, 61 ans. Cette jeune et pimpante retraitée adore voyager. Elle a décidé d’aller passer l’hiver à Lanzarote, car la nouvelle de Michel Houellebecq lui a donné très envie de voir les plages de sable noir, les plantations d’agave et de goûter au climat atypique de cette île lointaine. 

Quel est le point commun entre Roger, Fernand, Lucie et Mathilde : ils souhaitent ou doivent déménager pour une raison impérieuse. Ils savent où ils veulent aller. A présent, ils doivent impérativement trouver où se loger. Le logement n’est pas la première chose à laquelle nous pensons lorsque nous faisons des projets de vie. C’est la deuxième ! 

Il y a une raison qui nous pousse à aller vivre dans un nouveau lieu (comme Mathilde, Fernand et Lucie) ou à quitter le lieu actuel (comme Roger). Cela peut être un besoin de sécurité, de confort, d’amélioration de la qualité de vie ou de changement. Mais dans la réflexion qui nous amène à vouloir changer, la recherche du logement dans lequel nous vivrons passe au second plan. Elle n’est pourtant pas secondaire, elle vient en second. 

Nous avons besoin de savoir où nous pourrions habiter.

La recherche d’un abri est une nécessité vitale, ancrée en nous. Nous devons savoir où et comment nous serons hébergés. Et nous devons aussi choisir cet hébergement selon son prix et les moyens dont nous disposons pour le financer. C’est là que les complications et les déconvenues apparaissent. Notamment pour Mathilde et Fernand qui désirent s’installer dans la ville de France où le logement est le plus cher, surtout pour les petites surfaces ! 

L’accès au logement et le budget qu’on y consacre, voilà un sujet qui met les étudiants et les retraités sur un pied d’égalité. Ce n’est pas une analogie qui saute aux yeux. Outre la différence d’âge, la situation financière des étudiants ne paraît pas similaire à celle de leurs aînés. Les étudiants n’ont pas d’argent tandis que les retraités ont une retraite. 

En outre, 75% des retraités sont propriétaires de leur logement. Il n’y a donc pas de quoi les comparer aux étudiants pour qui le logement est un coût tellement déraisonnable que certains sont, comme Mathilde, contraints de renoncer à poursuivre des études dans les villes les plus chères, à commencer par Paris. 

Colette

Essayons d’aller plus loin que cette lecture très superficielle du marché du logement pour les aînés et les étudiants. Le revenu des retraités n’évolue pas, celui des étudiants est très limité. Or, le prix de l’immobilier, lui, il évolue. Et quand bien même 3 retraités sur 4 seraient propriétaires de leur logement, le ratio chute drastiquement à Paris. Dans la capitale, plus de 50% des ménages âgés de plus de 65 ans sont locataires. Les retraités ont plus d’argent que les étudiants, mais les uns comme les autres sont confrontés à un marché dont le prix augmente alors que leur revenus stagnent. Il y a pourtant de l’espoir, car les spécificités même du marché incitent à rechercher des solutions convergentes entre les étudiants et les retraités. 

A notre avis, les premiers pourraient utilement emménager chez les seconds, afin de permettre aux deux parties de réaliser de substantielles économies. 

Pourquoi étudiants et retraités devraient cohabiter 

Un étudiant qui veut emménager à Paris est confronté à un double problème. Les petites surfaces sont rares et chères. Elles sont chères parce qu’elles sont rares. Mais également parce qu’elles sont plus régulièrement remises sur le marché que les grandes et moyennes surfaces. Une explication ? 

Dans un bail locatif, l’augmentation annuelle du loyer est indexée sur le coût de la construction immobilière. Le propriétaire ne peut pas augmenter le loyer comme cela lui chante, il doit respecter le taux d’augmentation de cet indice économique et le répercuter sur le loyer. Le seul moment où il peut en faire à sa guise, c’est lorsque le bail est dénoncé. L’ancien locataire quitte les lieux et un nouveau locataire y emménage. 

C’est précisément lors des changements de locataires que les loyers augmentent le plus. Plus le logement est remis sur le marché, plus le loyer est élevé au regard du reste du marché de l’immobilier, pour un territoire donné. Un système expérimental d’encadrement des loyers, entré en vigueur à Paris en 2019 devrait théoriquement freiner le phénomène, mais cela ne changera pas la donne du tout au tout. La demande sur les petites surfaces est déséquilibrée, les prix élevés en sont une des conséquences. 

Les études sur les loyers* montrent que l’augmentation des loyers et le coût de location au mètre carré sont directement corrélés à la taille du logement. Plus le logement est petit, plus le prix au mètre carré est élevé. Inversement, plus le logement est grand, moins le prix au mètre carré est élevé. Les professionnels voient deux causes à ce déséquilibre. D’une part, le déséquilibre entre la demande (forte) et l’offre (insuffisante). D’autre part, la dilution du coût des équipements sanitaires (cuisine, wc, salle de bains) dans le prix au mètre carré. 

Explication : Le niveau d’équipement dans un F1 est sensiblement identique à celui d’un F3 : une salle de bains, une cuisine et un wc. Le coût de ces équipements est redistribué dans le loyer. Il sera proportionnellement plus élevé dans un logement de petite taille, puisque le coût est redistribué au prorata de la surface habitable. Les locataires les plus précaires sont les plus lésés par le déséquilibre du marché des logements de petite taille. 

Comment cela se traduit-il pour les étudiants et les retraités ? 

Les étudiants qui ne peuvent pas trouver un logement correct pour un prix abordable sont contraints de se loger loin de leur école. Certains abandonnent même leur projet professionnel et choisissent une autre école, un autre cursus, dans une ville où le logement étudiant est plus abordable. 

Les retraités qui voudraient prendre un logement plus petit réalisent qu’ils y perdraient au change. Un peu plus de 80% des retraités habitent dans le même logement qu’avant leur retraite. Les résidences principales des ménages âgés affichent une superficie moyenne supérieure à celle des moins de 40 ans. 

Le marché locatif parisien est déséquilibré. D’un côté, des aînés qui vivent dans des appartements trop grands pour eux et trop chers par rapport à leur retraite, mais qui ne veulent pas déménager car ils craignent de perdre au change. Ces occupants âgés pourraient utilement partager l’espace avec un ou des cohabitants.

De l’autre côté, des étudiants et des jeunes actifs qui doivent consacrer une part significative de leurs ressources pour se loger dans des logements petits, surpeuplés et proportionnellement plus chers que les surfaces plus grandes. 

Réunissons-les !  

Notre mission : promouvoir la cohabitation intergénérationnelle

Vous êtes retraité, vous partagez votre logement en sous-louant une pièce à un jeune. Il vous apporte une contribution financière et son aide dans votre quotidien (préparer le dîner, vous apprendre à utiliser facebook, débattre autour de votre livre préféré à chacun, rassurer vos petits enfants). 

Il est étudiant, il peut loger dans un endroit sûr et propre, en compagnie de personnes agréables et bienveillantes.

Lui comme vous, faites des économies sur les énergies, le logement et plus si affinités (ça coûte moins cher de cuisiner un boeuf bourguignon pour 8 que pour 2). La cohabitation intergénérationnelle est un cercle vertueux qui contribue au bien être des cohabitants et à la préservation de l’environnement. 

Colette

Sources :

INSEE 2014
Atlas des seniors et du grand âge en France par Mickaël Blanchet
* OLAP / Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne

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